L’incontinence urinaire, on en parle !

Pascal est kiné, spécialiste de la rééducation pelvi-périnéale. Il reçoit des femmes, des hommes et des enfants qui souffrent d’incontinence. Sa méthode, c’est de s’intéresser à la personne dans son ensemble, et pas seulement au périnée. Un podcast pour comprendre l’incontinence et dépasser les tabous, proposé par Fess’nett.

Je m’appelle Pascal Blondelle, je suis masseur-kinésithérapeute, et thérapeuthe manuel. On peut distinguer deux types d’incontinence : urinaire et fécale. Celui dont on parle le plus est l’incontinence urinaire : c’est une perte involontaire, incontrôlée d’urines. Ce peut être quelques petites gouttes sur un fou-rire, jusqu’à une vidange complète de la vessie.

Sur les formes d’incontinence, schématiquement on en décrit 4 :

  • L’incontinence d’effort, avec une mauvaise répartition des pressions. Notamment lorsque vous allez faire un effort : du sport, sauter, faire du trampoline, tousser avec une bronchite. Là, c’est de l’effort pur.
  • L’hyperactivité vésicale, qui est une contraction irrépressible de la vessie et qui peut arriver dans un laps de temps très très court.
  • L’incontinence mixte, qui est un panachage des deux : à la fois une incontinence d’effort et une hyperactivité vésicale. L’une des deux pathologies prenant, en général, le dessus sur l’autre. Chez les hommes par exemple, après une chirurgie d’ablation de la prostate, ce que l’on appelle une prostatectomie totale, vous aurez une hyperactivité de la vessie qui prendra le pas plutôt sur l’incontinence d’effort.
  • Les incontinences par regorgement : c’est la principale cause d’incontinence chez l’homme. Elle est dûe à une augmentation du volume de la prostate.

Voilà schématiquement les 4 grands types d’incontinence.

Malheureusement pour la femme, elle représente quand même le gros de la troupe, si je puis dire, de part la constitution anatomique. On a un urètre qui est très court, 2/3 centimètres chez la femme. On est quasiment en direct entre la vessie et le bout de l’urètre que l’on appelle le méat, la sortie. Tout le plan pelvien chez la femme est coupé en deux par la vulve, ce qui donne une faiblesse musculaire. Il y a aussi la grossesse, l’accouchement qui peut être traumatique. La femme, à partir de 50-60 ans, rentre en ménopause. On a tendance, chez ces femmes ménauposées, à leur proposer des traitements hormonaux locaux pour bien imprégner la muqueuse. Notamment cette muqueuse antérieure qui communique avec l’urètre et la vessie. On gagne facilement 10% sur l’incontinence, ce qui n’est pas négligeable.

Je crois que la première chose à faire est de consulter son médecin, lui en parler. C’est un professionnel de santé capable de tout entendre. C’est à huis clos et cela ne sort pas de son cabinet. Il va vous donner un traitement de première intention, ou vous envoyer chez un spécialiste. On peut aussi en parler à son gynécologue quand on est une femme. Bien souvent, les gynécologues posent la question : “Avez-vous des problèmes urinaires ?” “Avez-vous une constipation ?” “Avez-vous une gêne au niveau génital pour les descentes d’organes ?“. Déjà, on vous tend la perche. On est capables de vous proposer des traitements d’hygiène de vie, pour commencer. Cela va très certainement diminuer l’hyperactivité que vous présentez. On peut faire de la rééducation chez un kiénsithérapeute ou chez une sage-femme, ou en cas d’échec jusqu’à la chirurgie. Il y a des solutions, mais encore faut-il en parler.

Qu’est ce que la rééducation pelvi-périnéale ? C’est une rééducation de prise en charge des troubles pelviens tant urinaires que gynécologiques, que digestifs. Le plan pelvien, c’est un tout. Ce n’est pas parce que vous venez avec une incontinence urinaire que l’on ne va pas non plus s’interroger sur toute votre statique pelvienne. Effectivement, vous pouvez avoir une constipation : si elle passe inaperçue, on pourra toujours essayer de traiter et faire des séances, cela n’aboutira à rien. Cette rééducation prend en charge, globalement, la sphère pelvienne, au niveau musculaire et sphinctérien. Et je pense qu’il faut aller encore plus loin : on s’aperçoit maintenant que les patients qui ont ces troubles, ont bien souvent des entrées posturales : un décalage au niveau des yeux ou des dents et des mâchoires, ou de positionnement des pieds. Cela va nous amener à trouver des décalages ostéo-articulaires, et des spasmes des hypertonies musculaires sur tout le corps qui vont venir interférer sur le plan pelvien, puis provoquer ou accentuer la pathologie de l’incontinence urinaire. Par exemple, je vais avoir au niveau de mon bassin, ce que l’on appelle la crête iliaque (le côté du bassin) qui s’est projeté vers l’avant, et cela va mal positionner mon périnée. Mon périnée, cette musculature qui s’attache du coxxys jusqu’au pubis, qui nappe le fond vaginal pour la femme, qui prend d’assault l’urètre et est attaché au niveau anal. Cette musculature droite/gauche va être décalée et on va se retrouver avec un dissymétrie. Par exemple, le côté droit du périnée en surtension et le côté gauche distendu. Lorsque je vais vous demander de contracter pour retenir, vous allez en être incapable et on vous dira : “Madame, vous ne savez pas contracter votre périnée”. Ce qui est totalement faux ! Vous n’avez pas la possibilité de contracter votre périnée : ce n’est pas que vous ne savez pas, mais vous n’y arrivez pas. Cela entretient les troubles pelviens. Il faudra avant tout faire un travail sur la statique pelvienne, recaler les éléments, diminuer le tonus de certains muscles, pour ensuite aborder mon plan pelvien. Sur le plan respiratoire aussi. Vous voyez, c’est tout une chaîne le plan pelvien ! Ce n’est pas juste le périnée. 

Sur le plan respiratoire, bien souvent nos patients sont dans la même configuration, que ce soit les hommes, les femmes et les enfants : ils sont en inversion de commande. Ce que l’on appelle un asynchronisme abdomino-périnéal, j’ajouterai même diaphragmatique et pharyngé. Je m’explique ! Lorsque vous demandez à quelqu’un de tousser, en général physiologiquement il rentre le ventre. Vous vous apercevez malheureusement et majoritairement que nos patients vont sortir le ventre : cela veut dire qu’il vont pousser avec le diaphragme. Un muscle aspirateur très puissant qui se trouve schématiquement sous les côtes. Ce sont deux grosses coupoles musculaires, qui vont pousser vers le bas la masse viscérale. Qui, elle, est incompressible et qui va transmettre cette forte pression au niveau du plan pelvien. Ce qui va favoriser la descente d’organes, la fuite, la constipation car vous n’êtes pas capable de pousser correctement si votre diaphragme est trop descendu. Et cela, il faut absolument en tenir compte et commencer sa rééducation par éliminer ces asynchronismes, cette mauvaise coordination entre l’inspiration et l’expiration. C’est fondamental. Voilà en quelque sorte ce que peut être la rééducation. 

Je pense aussi qu’il faut aller vers du dynamique. On a tendance à laisser les gens sur une table avec une sonde vaginale ou anale, ce qui n’est pas très agréable, tout en les faisant travailler en contraction. Je pense, au contraire, que les incontinences sont liées à l’activité. Il faut donc être au plus prêt de ce qui va provoquer le trouble : mettre les gens en charge, en dynamique, et ne pas les laisser allongés sans bouger.

Dans notre unité, à Bel Air, nous travaillons avec ces patients sur des reprises en charge très très rapides, sur des appareillages qui nous permettent de les déséquilibrer. Notamment, on a ce que l’on appelle des “serious games” : des jeux-vidéos où les gens vont rentrer dans un jeu de rafting où il faut descendre un torrent, aller chercher des quilles, faire des pas chassés, sauter, etc. C’est là qu’on les reprogramme : “ Ah mais là madame, vous n’avez pas rentré le ventre, donc vous allez avoir une fuite. Si vous aviez soufflé et rentré le ventre, vous auriez limité les problèmes.”, et ainsi de suite. Lorsque je vais courir, je regarde les gens faire leur jogging, et je vois qu’ils respirent avec leur abdomen : ils rentrent et sortent le ventre. Chez la femme, qui a déjà une faiblesse pelvienne, elle va vers des ennuis importants de descente d’organes et d’incontinence urinaire d’effort. C’est ce que l’on essaie de reprogrammer, tant chez la femme plus agée ou la femme sédentaire. Vous voyez, on part d’une musculature et on arrive à faire une rééducation tête-pieds.

Si l’on veut éviter l’incontinence, ce que l’on appelle la prévention, chez la femme enceinte par exemple le ministère des sports depuis plusieurs années a édité une petite plaquette sur l’activité physique et la femme enceinte. La femme enceinte peut faire du sport, peut avoir une activité physique quotidienne, avec certaines restrictions. Je pense que c’est un élément important qui les amène finalement à une grossesse épanouie et à se poser les bonnes questions après l’accouchement. Il y a, pour ces femmes enceintes et avec les sages-femmes qui font un travail remarquable, toute une activité rééducationnelle pré-accouchement. Où l’on va leur apprendre les bases pour accoucher par voie basse ou par césarienne, mais aussi les amener vers un objectif post-accouchement au-delà de la périnatalité. Chez l’homme, nous faisons aussi de la prévention. Nous avons édité des petits livrets sur les risques encourus après une chirurgie. Il y a même des vidéos.

Ce que l’on peut dire en complément, c’est avoir une bonne hygiène de vie, s’hydrater, éviter de se constiper, et avoir une alimentation adéquate. Pour les patients qui auraient tendance à avoir des petites envies préssentes, ce serait d’éviter les boissons gazeuses comme les sodas, éviter le vin blanc, le champagne… à boire avec modération. Pour les enfants, c’est aller régulièrement uriner. Si il y a des soucis pendant l’école, c’est voir avec le corps enseignant si il peut aller aux toilettes. Certains ne peuvent pas tenir et attendre un intervalle de cours. Ils vont alors avoir des fuites et cela est vraiment honteux car ça les met dans des situations délicates et on les voit en échec scolaire. C’est la risée de la classe, le maître ou la maîtresse qui n’a pas compris et qui va les punir. Or, ils y sont pour rien. Lorsqu’on les voit en rééducation, la première chose qu’on leur dit que ce n’est pas de leur faute : leur vessie est immature, petite et pas suffisamment développée. Il faut qu’ils aillent faire pipi plus que la moyenne. Et pour cela, il faut avoir l’autorisation de sortir pendant la classe, et pas simplement pendant la récréation. Dans la prévention, éviter le stop-pipi ou le stop-test. C’est à dire que vous allez uriner et, sous prétexte d’avoir un bon périnée, vous coupez le jet. Seulement, après il faut pouvoir re-déclencher la miction, vous allez donc pousser. Vous allez forcer et cela n’a aucun intérêt : cela ne muscle pas le périnée plus que ça. Nous sommes programmés pour uriner en plein jet et le stop-pipi crée des infections urinaires à répétition.

Si vous présentez un signe évoqué lors de cet entretien : consultez ! Il faut en parler et ne pas rester dans son coin. C’est + de 3 millions de patients qui sont comme vous. Ce n’est pas honteux d’avoir une incontinence, c’est une pathologie comme tant d’autres, qui se soigne très bien aujourd’hui.

Endométriose : sortir de la douleur !

Marie est naturopathe et elle s’intéresse aux douleurs chroniques. En complément du suivi médical, elle intervient pour redonner aux femmes du pouvoir sur leur corps. Une démarche qui s’applique à l’endométriose. Cette maladie n’a pas de traitement spécifique, mais on peut apprendre à atténuer les symptômes et mieux gérer la douleur. Un podcast plein d’espoir, proposé par Fess’nett. 

Je m’appelle Marie Troube, je suis naturopathe, je suis spécialisée dans l’accompagnement du féminin. 

L’endométriose se définit comme la présence, en dehors de la cavité utérine, de tissus semblable à la muqueuse utérine. Ce tissu-là va donc subir tous les cycles, les fluctuations hormonales et les modifications hormonales. Aujourd’hui, on parle vraiment de trois types d’endométriose. On ne parle plus de stade. 

  • On a tout d’abord l’endométriose superficielle. Donc là, en fait, on a un implant d’endomètre à la surface du péritoine. Le péritoine c’est l’enveloppe qui entoure les viscères et les organes pour les protéger. 
  • L’endométriose ovarienne qui se caractérise par un kyste sur l’ovaire d’une couleur marron. 
  • Et on a ensuite l’endométriose pelvienne profond. Ce sont des lésions qui viennent s’infiltrer en profondeur. On les retrouve notamment sur les ligaments utéro sacrés, le cul de sac vaginal, les intestins, le rectum, la vessie, le côlon et même parfois, on en trouve au niveau du poumon. Ça remonte énormément. 

À noter qu’il n’y a vraiment pas de corrélation entre l’intensité de la douleur et le type l’endométriose. Les endométriose superficiels peuvent même être extrêmement douloureuses parce qu’elles viennent toucher des nerfs. Chaque endométriose est différente, à tel point qu’on a même des endométriose silencieuses où pour le coup, on n’a pas de symptômes et on vient vraiment découvrir son l’endométriose un peu au hasard d’un bilan de fertilité, par exemple. 

Selon l’Inserm, il y a quand même 10% des personnes possédant un appareil génital féminin qui sont touchés par l’endométriose, donc quand même une personne sur dix au minimum. Je dis au minimum parce que forcément, il y a beaucoup d’endométriose qui ne sont pas encore diagnostiquées. En moyenne, on met sept ans à se faire diagnostic une l’endométriose. Et aujourd’hui, malheureusement, il n’existe pas de traitement spécifique pour cette maladie.

Les parcours d’endométriose sont vraiment divers et variés. Certaines personnes ont la chance d’être diagnostiquées assez vite parce qu’elles tombent directement sur la bonne personne qui va vraiment se dire « Ok, là, il y a telle et telle douleurs. Il y a douleur au moment des règles, douleur au moment du rapport sexuel pénétratif. On a des troubles digestifs. » On a toutes ces choses là donc directement on va aller faire les examens qu’il faut et on va regarder. Mais à côté de cela, il y a des personnes qui sont en errance médicale parce qu’on va se retrouver face, parfois, à du personnel médical qui n’est pas formé, tout simplement, et qui va rétorquer à ces personnes là : « C’est normal d’avoir mal pendant tes règles. On n’en sait rien du tout. Tiens, prends la pilule et puis voilà. » Et ça, malheureusement, ça vient repousser encore et encore et encore le diagnostic et la prise en charge.

Sachant qu’en plus, il faut comprendre que quand on est atteint de l’endométriose, pour prendre un rendez vous médical il faut le prendre parfois un mois, trois mois, six mois en avance, c’est très long. Pour peu que le jour du rendez vous médical, on soit dans l’incapacité d’y aller parce qu’en fait, on fait une crise, on doit repousser le rendez vous. On y retourne. Etc. En fait, tout ça, c’est beaucoup d’énergie. On y va. On nous dit « Non, c’est dans ta tête. Il ne se passe rien. » Au bout d’un moment, il y a un découragement. Et puis ça a un coup aussi tout ça. À chaque fois qu’on nous réoriente vers un spécialiste, faire une échographie, etc. Ça peut vraiment être très, très long et surtout si on ne tombe pas sur les bonnes personnes on peut vraiment sentir hyper abandonnée.

Alors, au niveau des symptômes, on a pour habitude de dire qu’il n’y a pas une endométriose, mais des endométrioses. C’est parce que chaque l’endométriose est différente. Après le symptôme principal, clairement, c’est la douleur. On va avoir une dysménorrhée donc des douleurs pendant les règles, dyspareunie donc douleurs pendant le rapport sexuel, pénétratif, des douleurs pelviennes, des douleurs lors de la défécation, des difficultés à uriner, des douleurs abdominales, troubles digestifs, vomissements, perte de connaissance, infertilité, fatigue chronique aussi. On l’oublie pas mal mais elle est bien là. Sciatique, lombalgie également. 

Et clairement, dans la majorité des cas, ces douleurs là sont invalidantes. Elles entraînent une incapacité pendant plusieurs jours, voire en continu, parce que la douleur va venir au moment des changements hormonaux. Donc, ça veut dire, au moment de l’ovulation, à l’approche des règles et pendant les règles. Ce qui veut dire qu’en fait, on a plusieurs jours pendant l’ovulation ou on souffre. On a peut être une fenêtre de quelques jours où ça va à peu près. Et ensuite, on tombe directement dans la phase prémenstruel où on souffre. Pendant les règles, on souffre. Et après, on a de nouveau une petite phase, potentiellement, où ça va un peu mieux, mais on peut aussi souffrir tout le temps. 

Ça peut différer déjà de mois en mois. Il y a des mois où ça peut à peu près à ou pas du tout. Parfois, ça peut aller aussi en croissance, c’est à dire que chaque mois, c’est pire. Et après, les symptômes diffèrent vraiment d’une personne à une autre, c’est pour ça que la prise en charge est compliquée et que le diagnostic est si compliqué encore.

Quand on pense souffrir d’endométriose ou quand on souffre d’ailleurs, plus largement, le ou la médecin généraliste, gynéco ou sage femme est en mesure de pouvoir orienter le diagnostic lors de la consultation, c’est à dire qu’on va venir se plaindre de douleurs de règles, de douleurs pendant les rapports sexuels, de troubles digestifs, urinaires, de saignements anarchiques. Et là, le professionnel ou la professionnelle va vraiment pouvoir orienter ensuite vers des examens complémentaires. Dans un premier temps, ce sera échographie, IRM, hysterographie. Après, pas de panique. Bien heureusement, toutes les personnes qui souffrent pendant leurs règles ne sont pas atteinte d’endométriose. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut pas hésiter à allez consulter. 

Pour trouver des professionnels pour vous accompagner là dedans, on peut trouver des listes de ces personnes qui sont vraiment reconnues, compétentes pour l’endométriose. Notamment, je pense au site Endo France, vous pouvez contacter l’association directement et elles vont vous réorienter vers un ou une spécialiste près de chez vous. Vous avez aussi le site du Lab de l’Endo, qui propose en fait un annuaire de professionnels qui peuvent vous accompagner une fois le diagnostic posé. Bien sûr, vous avez des naturopathes, mais vous avez aussi des ostéos, des kinésios, des profs de yoga, de la médecine chinoise, des sexologues, etc.

Ça permet de gagner en temps et aussi en confiance parce que ces professionnels sont validés par ces assis là. C’est hyper important, après le diagnostic, de se faire accompagner par les médecines complémentaires. On a un vrai impact dans la qualité de vie, dans le confort et dans la gestion de la douleur. Car je e le rappelle, il n’y a pas de traitement médical pour cette maladie, donc il faut vraiment penser à ces médecines complémentaires là. 

Il faut savoir que déjà, dans un tiers des cas, l’endométriose est superficielle. Ça veut dire que l’accompagnement de ces médecines complémentaires là va vraiment permettre de trouver un équilibre et de regagner une qualité de vie qui permettra après de stabiliser, de diminuer les symptômes.

Lorsque l’endométriose, pour le coup, est sévère, le suivi médical est nécessaire pour une prise en charge qui va être personnalisée et adaptée. Concernant les traitements médicaux, on va avoir le traitement hormonal qui va arrêter les règles. On va avoir également un traitement hormonal qui va déclencher une ménopause artificielle. Ensuite, le traitement chirurgical. Dans tous ces cas-là, de toute façon, la naturopathe va vraiment venir accompagner la maladie, peu importe le choix du traitement. 

Dans un premier temps, pour accompagner cette pathologie là et le traitement choisi, on va déjà travailler sur l’environnement pour agir sur le l’épigénétique. Pour faire simple, l’épigénétique, c’est la variation de l’activité des gènes qui va être induite par l’environnement extérieur. C’est la part, en fait, qui est réversible de notre génétique. Il y a beaucoup d’études aujourd’hui qui existent là dessus et c’est vraiment un levier hyper important pour beaucoup de pathologies d’ailleurs. 

Pour agir sur ça, on va faire la chasse aux perturbateurs endocriniens, aux ondes électromagnétiques, les emballages plastiques divers en tout genre, les cosmétiques, les produits ménagers, les protections périodiques, l’eau filtrée aussi (l’eau du robinet qui est polluée), parce que ces perturbateurs endocriniens là viennent troubler notre système endocrinien, soit en prenant sa place, soit en rajoutant des hormones à notre corps. Donc, déjà, on a vraiment beaucoup travaillé là dessus. 

Ensuite, dans l’endométriose on a, la plupart du temps, une problématique d’hyperœstrogénie. Donc, on va venir accompagner cette hyperœstrogénie là, notamment par la détox hépatique, la perte de poids si nécessaire (parce qu’en face, il faut savoir que les œstrogènes sont fabriqués en partie par le tissu adipeux. Donc, quand on en a trop, c’est important de travailler à perte de poids), et le rééquilibrage œstrogènes progestérone, parce que quand on parle d’hyperœstrogénie, en réalité, soit il y a trop d’œstrogène soit il y a normalement de l’œstrogène, mais en fait la progestérone qui est censée faire l’équilibre de ces d’œstrogène, il y en a pas assez. On appelle ça l’hyperœstrogénie relative un manque de progestérone. Donc on va venir rééquilibrer ça. Ici on travaille principalement déjà sur l’assiette pour la perte de poids éventuel, mais aussi la résistance à l’insuline. On accompagne avec la micro nutrition pour venir soutenir la désoxhépatique et également avec la phytothérapie, pour rééquilibrer les hormones.

Ensuite, on a un autre axe qui est très important, c’est la gestion de l’inflammation et de l’oxydation. Parce que quand il y a inflammation, il y a oxydation et l’endométriose c’est une pathologie très inflammatoire. Donc là, on va vraiment venir mettre l’accent sur les oméga 3, les oméga 6, les petits poissons gras qui sont très riches en acides gras, précurseurs de prostaglantines qui sont aussi anti-inflammatoires. Et on va venir diminuer, en parallèle, les produits pro-inflammatoires, par exemple les produits laitiers, le gluten, les hautes cuissons, ce genre de choses.

On a aussi un accompagnement émotionnel qui est hyper important, par la phytothérapie, l’aromathérapie, la visualisation positive, les postures de yoga, la reconnexion à son féminin blessé aussi. Je crois que c’est très très important de placer la sphère émotionnelle vraiment au même niveau que le corps physique. Bien sûr, il faut éteindre le feu de la douleur, c’est indispensable. Mais l’impact de notre féminité blessée, son corps physique est hyper grand. Et c’est là d’ailleurs que les salles de parole, pour le coup, sont selon moi un outil extrêmement puissant de guérison.

Et ensuite, selon le traitement chois (s’il n’y a traitement choisi), on va venir accompagner cette prise de traitement médical. Donc, toujours la détoxhépatique, parce que quand on vient rajouter du médicament au travail du foie, il travaille encore plus. Donc on vient vraiment accompagner ça avec l’artichaut, le radis noir, le romarin, etc. Les troubles circulatoires s’il y a aussi avec la phytothérapie. Les effets secondaires de la ménopause artificielle : bouffées de chaleur, ostéoporose, dépression, sécheresse cutanée, muqueuse, etc. On vient vraiment avec la naturopathe en micro nutrition, dans l’assiette, avec la phytothérapie.. Dans tous les cas, là, je vous donne vraiment des clés globales. Mais, chaque accompagnement est différent encore une fois, parce que chaque endométriose, et surtout chaque personne, est unique. Donc vraiment, le but c’est d’avancer ensemble progressivement main dans la main, c’est individualisé et holistique. Vraiment, on s’adapte à la personne et à sa vie. C’est le plus important. 

La naturopathie, au même titre que beaucoup de médecines complémentaires, a un vrai impact sur la qualité de vie parce qu’on vient vraiment travailler en complémentarité avec la médecine allopathique et avec la médecine classique qui vient soigner les symptômes, qui va essayer de trouver un traitement, qui essayer d’arrêter la progression de la maladie. Les médecines complémentaires, elles, viennent travailler de façon générale, de façon globale, de façon holistique et on vient prendre en compte l’entièreté de la personne. On ne va pas du tout se concentrer sur les symptômes. On va essayer de comprendre d’où ça vient. C’est pour ça que je parle aussi de sphère émotionnelle. Et on va venir travailler sur l’hygiène de vie, la gestion du stress, le sommeil, l’alimentation. Tout ça, c’est vraiment des facteurs qui vont être inflammatoires, qui vont venir dérégler notre système hormonale.

L’alimentation a un fort impact dans la gestion de la douleur inflammatoire et donc dans la gestion de l’endométriose. Et ça, c’est vraiment complémentaire à plein d’autres techniques. C’est hyper important que les personnes atteintes d’endométriose s’écoutent et aillent vers des choses qui leur conviennent pour le coup.

Moi, je vous parle de naturopathie, mais l’ostéopathie va avoir beaucoup d’impact aussi. La sophrologie, les postures de yoga, la kinésiologie, l’acupuncture, la sexologie. Il y a énormément d’outils qui peuvent correspondre et il n’y a pas un outil qui va être miracle. C’est vraiment en travaillant tous ensemble et en venant chercher les choses qui conviennent à la personne qu’on va pouvoir récupérer un mieux être et que la personne, surtout, va reprendre le pouvoir sur sa vie. C’est ça aussi la clé dans tout ça, c’est d’arriver à devenir proactif et ne pas se dire « Ok, je suis malade, je subis et je ne suis pas aidé par le personnel médical ». En récupérant son pouvoir et en disant « Ok, je suis maître et maîtresse de ma vie et je peux avoir une action qui n’est vraiment pas des moindres ». On vient récupérer ça, comprendre comment on fonctionne, se dire « Ah ben tiens, quand je mange ça ou quand je fais plus de sport ou quand je dors mieux, la douleur est moindre. » Venir noter également si la douleur s’arrête pendant l’ovulation, ou plutôt au moment des règles, ce genre de choses ça a un vrai impact et ça permet de retrouver toute sa puissance aussi avec cette maladie. 

Ce que je peux dire aux personnes qui sont qui sont atteintes d’endométriose ou du moins qui est suspect, déjà, c’est que vous n’êtes pas seul. C’est vraiment ce que je viens de dire juste avant, ce n’est pas normal de souffrir. On vous croit dans votre douleur et on va y arriver. On va trouver une solution. Je pense que c’est déjà hyper important de venir valider ça. Et au delà de ça, il faut en parler. Aujourd’hui, heureusement, on en parle de plus en plus pour que les personnes qui ne sont pas concernées aussi aient conscience de ça. L’endométriose est une maladie invisible. Ce qui veut dire qu’en fait, quand on voit la personne, on ne se dit pas qu’elle est malade. On ne se dit pas elle a une maladie qui va l’invalider. 

Donc, le fait d’en parler, que les gens qui ne sont pas concernés prennent conscience de ça déjà c’est hyper important. Parlez-en, ce n’est pas sale, au contraire. Le cycle féminin c’est magnifique, c’est sacré. Il ne faut pas en avoir honte. Il faut en parler haut et fort. C’est important aussi que l’entourage soit au courant de ce que vit la personne, que ce soit les amis, la famille, le ou la partenaire. Tout simplement parce que la crise de douleur peut arriver n’importe quand, on ne peut pas le prévoir. Ce qui fait que quand on a une soirée prévue, (je pense à la vie sociale, par exemple, qui peut être hyper compliquée quand on est atteint d’endométriose) il va y avoir plusieurs questions qui vont se poser. Est-ce que j’ai l’énergie pour y aller ? Est-ce que j’ai le courage d’y aller et de risquer de repartir à 22 heures parce que je suis fatiguée ou j’ai mal (Au risque d’avoir les réflexions classiques, qui ne sont pas malveillantes, mais de « tu pars déjà ? Reste avec nous. » et d’être obligée de se justifier. « Oui, mais en fait, je ne me sens pas bien, j’ai mal, etc.) ? Ça, ce n’est pas toujours compris par les personnes qui n’ont pas ce problème là. 

La famille aussi, qui peut être beaucoup dans le jugement. Je pense notamment à nos mère, nos tantes, nos sœurs, nos cousines. Elles peuvent réagir en disant « Ça va, moi aussi j’ai mes règles. » Ou même aux hommes, aux frères, aux pères qui peuvent être pas du tout dans ce truc là, qui n’ont pas du tout envie de parler de règles. Et c’est important aussi pour la famille d’être un soutien et pour le ou la partenaire aussi, d’avoir envie de s’informer sur la maladie, d’être accompagnant dans la sexualité, d’être accompagnant quand il y a des crises, de comprendre qu’il peut y avoir un impact. C’est tout bête, mais quand on est en train de faire une crise, qu’on nous amène une bouillotte, qu’on vienne nous amener des médicaments, etc. Chacune et chacun a ses petits rituels pour faire passer ça. C’est bien aussi, quand on ne peut pas se lever, d’avoir quelqu’un qui veut nous amener à des trucs pour nous soulager, c’est chouette. Faire un massage en bas du dos, etc. 

Que les gens soient au courant ça permet vraiment de se dire « Ok, en fait, je peux annuler quelque chose au dernier moment. Je peux partir d’une soirée sans avoir besoin de me justifier. » Je sais que je suis dans la bienveillance et dans l’accueil et je crois que ça, c’est vraiment hyper important. Et aussi de s’écouter, de se dire qu’il n’y a vraiment personne qui sait mieux que soi ce qui est bon pour soi.

Vous êtes légitime dans ce que vous traversez et si vous sentez que quelque chose vous fait du bien, alors faites le. Peu importe les les avis non sollicités et les jugements des autres. Ils ne sont pas à votre place. Vous êtes vraiment la seule personne à savoir ce qui est bon pour vous.

Donc écoutez-vous. C’est ok d’avoir mal, vous êtes légitime là dedans, et dans vos besoins, et dans vos choix.

Dépression post-partum, mieux entourer les mamans !

Camille est accompagnante périnatale. Son métier est de suivre des couples, du projet de bébé jusqu’à son arrivée. Parce qu’un enfant, c’est un grand bouleversement, il est important de bien s’y préparer. Le retour à la maison est souvent un sujet oublié, alors que c’est là que surgissent des difficultés comme le baby blues ou, plus grave, la dépression post-partum.

Un podcast que tous les futurs parents et leurs proches devraient écouter, proposé par Fess’nett.

Je suis Camille Kolebka et je suis accompagnante périnatale certifiée par le CeFAP, et j’accompagne les futurs et jeunes parents du désir d’enfant jusqu’aux premiers mois avec leur bébé.

C’est un accompagnement psycho-émotionnel qui vient en complément de tout le parcours plus classique d’accompagnement médical qu’on a aujourd’hui en France. 

Le post-partum, il n’y a pas vraiment de temps clairement établi parce que c’est très dépendant de chaque femme.

Physiologiquement, ça irait de la période de la naissance (de l’accouchement) jusqu’au retour de couches, c’est à dire le retour des premières règles. Donc, ça peut aller de quelques semaines, moins à plus longtemps. C’est vraiment une question de vécu aussi pour la maman qui le vit.

Je pense très clairement que la période du post-partum peut être une situation à risque, en tout cas, elle est aujourd’hui peu connue, peu préparée dans les schémas un peu classiques, on prend assez soin de la maman et la future maman pendant sa grossesse. On a quand même un parcours de neuf mois qui est très accompagné et où les mamans qui s’impliquent beaucoup dans leur grossesse préparent aussi souvent leur accouchement. Celles qui font ce choix là sont souvent aussi bien focalisées sur la naissance en elle-même, sur la préparation de la naissance. 

Cependant, c’est comme si on oubliait complètement de préparer l’après. Donc, c’est vrai qu’on en entend quand même un petit peu plus parler, de plus en plus. Il y a une parole qui commence à se libérer parce que c’était aussi très culpabilisant pour toutes ces nouvelles mères d’admettre que c’était difficile, qu’elles n’arrivaient pas, parce que culturellement, il y a cette injonction que la naissance et l’arrivée d’un enfant, c’est beau, c’est bien et ça ne doit porter que amour, bonheur et être comblée. 

Mais c’est très difficile. C’est une période qui, même pour des mamans qui ne présentent pas forcément de difficultés particulières, reste une période très sensible. De par la physiologie :  c’est à dire qu’on est à risque physiologiquement, on vient quand même de porter un enfant pendant neuf mois. On vient de mettre au monde un enfant, donc ça demande une énergie aussi pour le corps qui est considérable. Il y a plein de choses qui vont se remettre en place, qui avait nécessité un changement dans un sens. Et il faut bien que ces changements se ré-opèrent dans l’autre sens. Il y a aussi l’allaitement (pour les mamans qui ont choisi d’allaiter) qui demande aussi une implication physique et physiologique très importante.

Et puis, il y a tous les besoins du nouveau nés sur lesquels on répond en tant que parent et en tant que mère. Et souvent, particulièrement pour des premiers, je dirais, on n’imagine pas. On peut difficilement imaginer ce que représente l’intensité de la vie avec un tout petit.

Le signe d’une difficulté maternelle (ça, c’est important, j’aimerais bien passer un peu de temps dessus) : le baby blues. C’est un processus normal, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le minimiser. C’est un état qui se présente très tôt, souvent à la maternité ou dès les premières heures, premiers jours, mais qui n’est pas un état qui doit s’installer. C’est quelque chose de très temporaire, mais qui peut être vraiment vécu difficilement. Ça peut être très envahissant pour une maman qui ne s’attendait pas à ça : de beaucoup pleurer, d’être débordé par des émotions, d’avoir vraiment beaucoup de fatigue qui s’accumule, d’avoir peur de mal faire, d’être très inquiète pour son bébé au point de ne plus dormir. Donc, c’est un état qui est assez intense, mais qui, effectivement, ne doit pas s’inscrire dans la durée. 

Là où on commence vraiment, effectivement, à avoir des signes et à devoir s’alerter, c’est si cet état là commence à s’instaurer dans la durée, avec une humeur qui va être assez triste, morose, avec peu d’envie, peu d’intérêt, beaucoup de fatigue. Donc là, on bascule dans la dépression post-partum quand cet état va vraiment durer au delà de quinze jours. Les mamans vont souvent se dire « non mais ça, c’est à cause de la fatigue. C‘est normal, c’est parce que j’ai un petit bébé. »  Oui, il y a une fatigue assez présente. Mais il y a des signes quand même sur lesquels il faut être vraiment attentive. 

Dans la dépression du post-partum, les signes sont aggravés plutôt le soir. On décharge beaucoup, il y a des pleurs. L’arrivée du soir devient un moment très stressant. Il y a beaucoup de stress à ce moment là. L’humeur est très changeante. C’est aussi une des différences avec la dépression classique ou quand on est en dépression classique : ça touche un peu toutes les sphères et donc on est constamment dans une humeur maussade ou colérique. La dépression post-partum, c’est plus subtil, ce n’est pas tout le temps. Il y a une espèce de liabilité, de changements d’humeur et c’est d’ailleurs souvent pour ça que les mamans mettent ça sous le compte des hormones, mais pas que. Il y a cette anxiété fréquente, on a quand même souvent des anxiétés, des peurs qui vont être très orientées sur le bébé. On a peur de la mort subite du nourrisson, on a peur qui tombe, on a peur de lui faire mal. On est à l’affût du moindre petit problème : la rougeur du moindre bouton va être ancrée dans cette anxiété orientée sur le bébé. 

On a des symptômes physiques aussi de vertiges parce qu’il y a énormément de stress qui est généré. Donc il peut y avoir des vertiges, des palpitations, des angoisses qui montent assez vite, qui peuvent repartir aussi assez vite. Parfois, c’est un peu soudain. Ça peut être comme des flashs. Il y en a certains qui se disent « Non, ça ne vient pas de m’arriver, je l’ai inventé. » Donc, il commence à y avoir parfois aussi une remise en question de ce qu’il se passe physiquement pour cette maman. Elle doute vraiment de ces symptômes-là. Dans le corps ça se traduit aussi beaucoup par des maux de dos ou par des douleurs pelviennes, parfois même encore des contractions.

Alors oui, il y a la réalité physiologique qui continue. On peut, en très proche post-partum, avoir encore les saignements, avoir l’utérus qui se remet en place, etc. Mais, si ça dure, ça peut être un signe évocateur aussi d’une dépression post-partum.

Et puis, il y a ce qu’on appelle les images d’impulsion. C’est quand on a ces flashs où on se voit passer à l’acte pour soi ou pour son bébé, qui sont des images que peu de mamans partagent tellement elles sont presque inavouables. Mais c’est « j’ai envie de le passer par la fenêtre, j’ai envie de me taper contre un mur, j’ai envie qu’on se jette tous les deux sur les rails du métro. » Ces images-là qui arrivent d’un coup, d’impulsion, et c’est extrêmement violent. Et c’est, pour la très grande majorité d’entre elles inavouable ,même avec un conjoint. D’où la nécessité d’aller voir des professionnels qui sont formés, parce que c’est effectivement le partenaire ou le champ familial ou amical ne sont peut être pas les personnes à qui on peut confier ça tellement c’est lourd à porter.

Donc, voilà les symptômes qui sont très évocateurs et qui vont aller jusqu’au désintérêt. Mais quand on voit vraiment le désintérêt, quand on voit qu’une maman n’arrive pas à créer le contact avec son bébé, quand elle ne veut pas le porter, quand elle lui donne à manger et que tout de suite elle repose le loin d’elle, ce sont déjà des signes qui sont très visibles. C’est ceux d’avant qu’il faudrait réussir à ne pas banaliser et minimiser. Une fois qu’on est déjà sur ces signes aussi évocateurs, Don va dire qu’il y a moins de doutes, qu’il y a vraiment quelque chose qui ne va pas et qui doit être pris en charge. 

Alors, ce qui est assez complexe avec l’entourage direct, c’est qu’il subit très très fort cette situation, particulièrement le conjoint qui a lui-même déjà son rôle de nouveau parent a intégrer et qui est aussi très souvent débordé par cette intensité de la difficulté que vit sa conjointe. Et finalement, ce sont aussi des mamans qui acceptent très peu qu’on s’occupe de ce bébé. Elles sont vraiment tellement focalisées dessus qu’elles qu’elles ont vraiment du mal à faire confiance aux autres, à lâcher prise. Et donc, ça va être surtout la possibilité de soutenir cette maman dans sa difficulté, plus que de vouloir faire à sa place. Parce que sinon, on va encore plus insinuer que la mère n’est pas la bonne personne pour cet enfant, ce qui est déjà quelque chose que la mère se rumine. Elle a très peu confiance dans sa compétence maternelle. Elle doute énormément. Et si on vient, même si c’est dans une bonne intention, lui dire « Je te prends ton bébé pour que tu puisses dormir » L’injonction est de lui dire « T’es pas suffisamment bonne pour s’occuper de ton bébé. » Donc ça enfonce presque encore plus. 

C’est très inconscient, mais si je peux essayer d’apporter un peu un éclairage là dessus, c’est qu’en fait, on est dans une culture qui a beaucoup évolué. Il y a encore quelques dizaines d’années, quand une mère donnait naissance, elle était entourée par d’autres femmes. On entend parler pas mal de villages. Toutes ces femmes qui étaient autour étaient là pour soulager cette maman, pour prendre soin d’elle. Il y a des cultures dans lesquelles on parle vraiment des 40 jours, ou encore le mois d’or, il y a plein de choses autour de ça, parce qu’on entoure cette nouvelle maman avec beaucoup d’amour et beaucoup de soutien. On va s’occuper peut être effectivement des plus grands, des autres enfants qui sont plus grands, qui ont moins besoin d’elle à ce moment là, pour qu’elle puisse vraiment se concentrer à créer ce lien avec son bébé dans ses premiers instants, qu’elle n’ait rien d’autre à penser et qu’elle se sente vraiment soutenue, entourée. 

Ça ca fonctionnait parce qu’on avait une maman qui était reconnue dans sa compétence maternelle tout en étant soulagé de tâches plus quotidiennes (que ce soit le travail domestique, l’organisation de la maison, de la famille, que ce soit les courses…). Elle est un peu comme une reine, au moins la première semaine pour vraiment laisser son corps se reposer, récupérer. Et puis, dans les semaines qui suivent, elle est bien entourée. 

Aujourd’hui, c’est quand même quelque chose qui est de plus en plus difficile à faire. Ce n’est pas qu’on ne veut pas, c’est qu’on a des vies qui font qu’on est des familles qui sont plus éclatées géographiquement, on a de moins en moins nos mères, nos cousines ou nos tantes autour de nous. Et voilà, on se retrouve très vite et très tôt seule avec nos bébés. On a effectivement congé de paternité qui vient de passer à 28 jours. Mais ce congé paternité il est aussi là pour ce papa ou pour ce conjoint. Ce congé pour son nouveau rôle, lui aussi, il en a besoin. Ce n’est pas forcément qu’il est là à 100% pour prendre le relais, il a aussi, lui, toute cette implication à avoir. Donc, ce village qu’on a de moins en moins, crée aussi des difficultés pour la maman qui doit tout gérer un peu seule ou « que à deux » dans ces toutes premières semaines et ces premiers mois qui sont très intenses.

C’est vrai qu’en préparation de son post-natal, de son post-partum, c’est important de réfléchir en couple quand on est dans cette situation, de se dire : de quoi on va avoir besoin ? Quelles sont nos ressources ? Qui peut-on avoir autour de nous ? En qui avons-nous confiance ? Avec qui on se sent bien ?

J’ai des témoignages souvent, ou des situations, on dit « Est-ce que ta maman peut venir ? » Mais ce n’est peut-être pas la meilleure personne pour venir aider à ce moment là. Chaque histoire est unique et la relation aussi avec sa propre maman quand on devient à son tour maman, peut être un vrai soutien, comme aussi peut être quelque chose de mal vécu. Donc il faut vraiment réfléchir au choix des personnes pour s’entourer dans ses premiers instants : cela peut être des amis, des collègues, d’autres mamans si on a déjà des enfants à l’école, qui vont vraiment pouvoir être là pour soutenir, aider, aller faire une course, emmener les enfants à l’école, apporter un repas, prendre un thé (mais sans passer toute l’après midi parce qu’elle sait que la maman a besoin de se reposer), proposer d’aller faire une balade ensemble, etc. Offrir des moments, une présence et un soutien qui va être dans cette volonté de soutenir cette nouvelle dimension, cette nouvelle parentalité, cette nouvelle mère. 

Il y a cette dimension là, donc, d’être entourée. Et puis, culturellement, il y a aussi la notion du temps, de la relativité. Parce qu’on est des femmes souvent actives. Peut être qu’on est en congé maternité qui est tout sauf un congé, en fait, ce n’est pas des vacances. On a aussi dans cette idée qu’on va poser un congé maternité comme on pause un congé, c’est tout sauf des vacances le post-partum. Donc, c’est aussi prendre conscience que la culture et la société dans laquelle on est, fait qu’on est dans des rythmes de vie très intenses. On fait beaucoup, on fait vite, on fait toujours plus. Quand un petit bébé arrive, il a son rythme à lui, qui est tout sauf un rythme que nous on connaît.

Je suis toujours très surprise par les premières questions qu’on pose à une jeune mère très tôt. C’est : « Est ce que ton bébé fait ses nuits ? » Mais qu’est ce que ça veut dire faire ses nuits pour un bébé ? C’est quoi ? Faire une nuit de deux à trois heures ? De deux heures ? Ben oui, mon bébé il a une semaine et il dort trois heures d’affilées. Il fait sa nuit. Il y a plein d’idées comme ça, de schémas qui sont un peu à déconstruire pour mieux accompagner le post-partum.

Alors, quand on ressent vraiment, en tant que nouvelle maman, cette difficulté, qu’on ressent que ça devient vraiment trop lourd, trop grand, trop débordant, la première chose, c’est d’oser en parler, pouvoir exprimer ses difficultés, libérer la parole par rapport à ça. Ça peut être auprès des sages femmes qui font du suivi en post-partum. En maternité, on est censé en parler, dire que vous avez la possibilité d’avoir des visites à domicile d’une sage femme. Mais ce n’est pas quelque chose qui est mis en place automatiquement. Ça nécessite que la maman trouve une sage femme libérale dans son coin qui fasse des visites à domicile. Mais ça, c’est déjà à un tout premier réflexe à anticiper même pendant la grossesse, de se dire que j’y ai le droit. J’ai le droit d’avoir cette visite qui va évidemment vérifier que mon corps se remet, va bien. Et puis, oser parler à cette sage femme qui vient en libéral de lui dire que c’est difficile, que c’est débordant. 

Quand elles viennent à domicile, on est dans son cocon. On n’est pas dans le cabinet d’un médecin sur lequel il y a peut être un autre rapport qui s’installe. Le domicile a vraiment cette barrière en moins qui aide. Il y a des professionnels qui sont formés, donc les accompagnants périnatal aussi font des visites à domicile dans le cadre de l’accompagnement. Ça peut être un couple qu’on a déjà accompagné depuis la grossesse et sur lequel on n’a un accompagnement à long terme. Il y a forcément un rendez vous à la naissance, puis, il y a un rendez vous qui suit très vite, avant même la fin de la première semaine, puis un autre au moins dans le premier mois. Il y a plus de rendez-vous si besoin et si on identifie qu’il y a un besoin plus important de soutien Le rendez-vous va vraiment s’attacher à écouter, à discuter, à évacuer les anxiété et à réorienter s’il y a besoin, puisque effectivement, ce n’est pas un travail thérapeutique. Ni la sage femme, ni nous, en tant qu’accompagnante. Mais par contre, on travaille en partenariat avec des psychologues qui sont spécialisés en périnatalité, ou encore des unités spécifiques partout en France. Donc, on peut aussi réorienter ces jeunes mamans. 

Ça peut aussi venir avec la parole qui est libérée avec le conjoint. C’est vrai qu’on a cette relation privilégiée en tant qu’accompagnante périnatale quand on accompagne les couples. Le conjoint, le partenaire, peut aussi nous nous solliciter seul et partager cette réalité en expliquant qu’il se sent un peu impuissant par rapport à ça, et qui demande comment faire. On peut mettre aussi en place ça : de dire « Non, vous n’êtes pas tout seul. » On va solliciter des psychologues, des psychothérapeutes spécialisés qui ont l’habitude d’accompagner.

Ça peut aussi être un médecin généraliste. C’est sûr que ça reste encore un sujet sur lequel tout le monde n’est pas forcément formé, même des professionnels de santé, et sur lesquels on a encore beaucoup de témoignages de mamans qui disent « J’en ai parlé, je suis allée voir le médecin. Et puis il a bien vu, je me suis mis à pleurer. Il a dit c’est normal, c’est les hormones, c’est le baby blues » Parce qu’ils ne sont pas formés. Certains minimisent encore beaucoup ça. Donc, c’est vrai que parfois, on n’ose pousser une porte et ce n’était peut être pas la bonne à ce moment là. Donc, les accompagnants périnatal certifiées, les sages femmes libérales, ça peut être aussi à la maternité s’il y a cette confiance-là. On peut aussi appeler la maternité, au même titre qu’on a appelé la maternité pendant sa grossesse quand on avait un doute. Elles sont aussi à même de recevoir des témoignages et de réorienter. Il y a toute une équipe. Plus on est sensibilisés au sujet de la dépression post-partum avant (ça touche quand même entre 10 et 15 pour cent des mères qui viennent, ce n’est pas rien, ce n’est pas 2%, c’est entre une à deux sur dix)

En avoir conscience avant, c’est aussi se dire et réfléchir avant de se dire « Ok, quelles sont mes ressources ? Quels sont mes besoins ? », c’est d’avoir un numéro d’une sage femme à un moment donné. Et puis, il y a des super assos aussi, qui se créent, qui existent pour soutenir la maman. Notamment, il a une association qui a démarré en Suisse et qui vient d’ouvrir son antenne en France, qui s’appelle « Super maman » en France et qui met en relation des mères, qui se proposent d’être des « mères soutien » (afin de former ce fameux village), des mères qui s’inscrivent pour être en demande de soutien et d’autres qui sont là pour soutenir sur des choses très simples, mais qui aident vraiment les nouvelles mamans (apporter un repas, passer un moment avec cette maman, la bichonner, etc.) Il y a des choses qui commencent à arriver et le premier conseil/mantra que je donnerais, c’est de se dire que non, vous n’êtes pas seule.

L’éducation à la propreté, des conseils d’expert

Parole d’expert : Magali, psychopraticienne certifiée

Magali adore écouter, alors elle en a fait son métier. Psycho-praticienne, cette maman de deux enfants accompagne les parents sur le beau mais tortueux chemin de l’éducation. Et s’il y a un truc qui inquiète les parents, c’est bien l’apprentissage de la propreté. Mais pas de panique, Magali est là. Un podcast pour vous guider proposé par Fess’nett.

Je suis Magali Dumez, psycho-praticienne, coach en psychologie positive et formatrice d’adultes. J’accompagne essentiellement les particuliers et aussi les professionnels, en fait, dans toutes les problématiques qui touchent l’enfance, la petite enfance, l’adolescence, voire même le développement personnel et les relations toxiques. Alors, l’hygiène intime, ça va être tout ce qu’on appelle communément, on va dire de façon assez populaire, la propreté : aller sur le pot, aller aux toilettes, se laver, se brosser les dents… Tout ce qui concerne l’intimité de l’enfant. 

C’est un sujet qui inquiète beaucoup les parents et de façon assez récurrente et assez fréquente puisque c’est quelque chose où l’on a beaucoup de pression sociale en France par rapport à ça, et notamment par rapport à l’école. Et puis, on est aussi dans un contexte où on est beaucoup dans la comparaison : notre enfant est propre par rapport à l’autre, l’autre il n’est pas propre… Donc c’est quelque chose effectivement qui inquiète beaucoup les parents et ils mettent beaucoup de pression à leurs enfants, souvent pour ça. 

Alors, on n’impose pas la propreté à un enfant. Surtout pas, parce que, justement, c’est un processus qui est totalement naturel, qui est totalement biologique en réalité. Et le fait d’imposer à l’enfant d’être propre, ça peut induire des blocages par la suite, par le fait justement qu’ils peuvent se sentir humiliés, ils peuvent se sentir rabaissés et ça peut être très compliqué pour eux à gérer psychologiquement.

Je n’aime pas mettre les enfants dans des cases, mais il peut être physiologiquement prêt entre 18 mois et deux ans et demi on va dire, donc 18 mois et 30 mois. Ça peut être avant, ça peut être après. C’est très important de respecter le rythme de l’enfant et de ne surtout pas, justement, le mettre dans des cases. 

L’enfant, il faut qu’il soit prêt, il faut qu’il soit prêt effectivement physiologiquement déjà, ça c’est certain, mais aussi psychologiquement. Il faut savoir qu’un enfant peut être sur plusieurs apprentissages et du coup, en étant sur certains apprentissages, il ne peut pas être disponible. Ça ne veut pas dire qu’il n’est pas prêt. Ça ne veut pas dire qu’il n’est pas capable de le faire, mais disons qu’il n’est pas disponible pour ça. Et aller aux toilettes, aller sur le pot, il faut arrêter une activité pour aller aux toilettes. Et ça, c’est quelque chose qu’un enfant peut ne pas être prêt à faire. Il faut lui laisser ce temps-là, c’est-à-dire que c’est lui qui va être prêt à un moment donné ou à un autre, à dire tout simplement “Je ne veux plus de couches”. 

Je vais prendre l’exemple d’une expérience personnelle. Mes deux filles se sont levées un matin en disant “Je veux plus de couches”. Elles sont devenues propres ainsi. J’ai des accompagnements, j’en ai eu un la semaine dernière – je ne sais pas si je peux en parler – où la maman était très inquiète par rapport à ça. Je lui ai dit : “Vous savez, ça va arriver d’un coup. Un matin, elle va se lever, elle va être propre”. J’ai fait l’accompagnement la semaine suivante, elle m’a dit “Ça y est, c’est fait”. Elle m’a dit “Vous avez appelé mon enfant pour lui dire ? Ce n’est pas possible !” Et c’est quelque chose de très naturel. À partir de 3 ans, c’est quelque chose qui peut arriver vraiment du jour au lendemain, sans aucun apprentissage.

Réellement, il n’y a rien à faire. C’est quelque chose qui est très difficilement entendable pour la majorité des gens, parce qu’on a des siècles et des générations avant où vraiment on pensait que l’apprentissage du pot était quelque chose d’essentiel. En réalité, c’est vraiment par l’exemple : l’enfant va nous voir aller aux toilettes, l’enfant va bien percevoir que nous allons aux toilettes et par l’exemple, tout simplement, un jour, vraiment, il va se décider. Il va y avoir un déclic. En plus, c’est ce qu’il faut savoir et c’est important, c’est que l’enfant peut avoir des craintes psychologiques à se défaire de quelque chose qui est de son corps. Et il faut qu’il soit prêt aussi psychologiquement à ça. C’est-à-dire, il peut être physiologiquement prêt, on sait qu’il y a des signes comme grimper à l’échelle, il y a des signes physiologiques, on sait que l’enfant est capable de maîtriser ses sphincters – c’est ce qu’on appelle maîtriser ses sphincters – sauf que dans la maîtrise de ses sphincters, c’est physiologiquement possible mais il faut que mentalement, il soit prêt aussi à se défaire d’une partie de son corps sans que ce soit un traumatisme. Et ça, c’est à lui de nous dire quand il est prêt.

Le meilleur moyen d’accompagner un enfant dans ce genre de situation, c’est déjà de décrire ce qu’il se passe en lui quand il a fait pipi, quand il a fait caca, pour qu’il apprenne à reconnaître ces signes là. Par exemple, quand on voit notre enfant qui a envie, on peut lui dire “Ah, tu as envie de faire pipi !” Ça lui permet à lui de décoder son corps. Le fait de décoder son corps ça va lui apprendre à connaître son corps, ça va lui apprendre à respecter son corps aussi, à identifier ses besoins. On va dire que c’est la chose vraiment essentielle à faire, de lui apprendre à reconnaître les signes dans son corps qui vont lui permettre de savoir à quel moment dire je veux aller aux toilettes et ça va se faire tout seul.

La propreté le jour et la propreté la nuit, il y a beaucoup de distinction. On dit souvent, en tout cas dans l’idée communément admise, que c’est quelque chose de très différent. Sauf qu’un enfant qui va être propre spontanément, c’est à dire, comme je disais, sans qu’il y ait de menace, de punition ou de chantage, de carottes ou quoi que ce soit, ça va être du jour au lendemain. Souvent de jour et de nuit. Ça va vraiment venir de lui de jour et de nuit. J’ai beaucoup de cas dans les accompagnements que je fais. Moi, mes deux filles, ça a été ça. Du du jour au lendemain elles se sont levées et ça a été la propreté de jour et de nuit. 

Donc, vraiment, être à l’écoute de son enfant : et ça marche en réalité pour tout. C’est la clé essentielle, en tant que parent, d’être à l’écoute, justement, du corps du son enfant.

La notion qui va être intéressante aussi par rapport à ce respect du corps, ça va être aussi la notion de consentement : un enfant qu’on ne va pas forcer à aller aux toilettes, qu’on va pas forcer à prendre la douche, qu’on ne va pas forcé à exposer son corps s’il n’en a pas envie. Ça va être déjà les premiers pas pour lui apprendre à dire non, respecte mon corps. Alors je ne dis pas, je précise c’est important, qu’un enfant, il faut le laisser trois heures dans sa couche s’il n’est pas d’accord pour changer sa couche.

Ce n’est pas ce que je dis. Il faut l’inciter, avec respect, et il y a des tas d’astuces. Il y a des tas de techniques, il y a des tas de choses à mettre en place sans le forcer physiquement.

Le fait de forcer physiquement, c’est vraiment la dernière chose à faire parce qu’un enfant va apprendre avec des techniques comme celle-là que son corps nelui appartient pas. Si son corps ne lui appartient pas, ça veut dire tout le reste derrière.

Ça veut dire qu’il peut être une proie vis à vis d’un prédateur. Ça veut dire qu’il peut ne pas savoir dire non. Alors, ce n’est pas parce qu’on ne sait pas dire non que ça veut dire qu’on est fautif. Ce n’est pas ce que je dis. Mais le fait d’avoir cette notion de consentement sur son propre corps, ça va permettre à l’enfant de savoir dire non. Là, il y a une limite qui est dépassée. Je ne suis pas d’accord. Et de pouvoir le dire à quelqu’un d’autre et de pouvoir se faire protéger, tout simplement.

Au niveau des astuces qu’on peut mettre en place pour aider notre enfant à changer la couche facilement, ça peut être par exemple prendre un doudou, jouer avec lui, le mettre à la hauteur de son visage. “Bon bah je te change la couche hop-hop-hop, tu joues avec le doudou”, donc il va avoir une interaction autre. Et du coup, on peut lui changer la couche de cette façon. 

Ça peut être aussi, par exemple, moi j’ai cette astuce là, le système du réveil où je mets par exemple 5 minutes. “Dans 5 minutes, puis on va changer la couche. Est ce que tu es d’accord ? Est ce que tu as compris ?” On valide avec l’enfant qu’il a bien compris. Il check, ça c’est important de valider “le contrat”. L’enfant, à partir du moment où il va être prévenu, à partir du moment où il va avoir donné son accord, cinq minutes après, si on lui dit “on va changer la couche” – le fait de mettre une sonnerie extérieur aussi, c’est  le bruit qui dit bon bah on y va, et souvent, c’est beaucoup plus facile – Si au bout de cinq minutes, ça ne marche pas, on peut remettre sur une minute, remettre sur quelques secondes et au fur et à mesure, à un moment donné ou à un autre, ça va basculer. Il va être d’accord. 

Donc il y a plein d’astuces comme ça qui peuvent vraiment amener l’enfant à être coopératif et à vraiment accepter que oui, finalement, on lui change la couche avec son consentement et ça, c’est important.

Disons que dire non, ils savent beaucoup le dire ; mais souvent par rapport à leur corps, par rapport à beaucoup de choses, on passe outre parce qu’ils sont petits, parce qu’il y a urgence, parce qu’on est les parents, parce qu’on est des adultes. Et c’est très important de respecter leur nom surtout, bien évidemment, sur tout ce qui concerne leur corps. 

La gestion des régressions, c’est un peu comme la gestion de l’apprentissage, de la propreté. Ça va être toujours dans le respect de l’enfant. C’est à dire que s’il régresse, c’est qu’il y a des raisons. Ça peut être des raisons physiologiques, ça peut être des raisons psychologiques, en tout cas si il y a forcément des raisons qui sont importantes pour lui.

Donc, ce qui compte, c’est vraiment de le suivre dans ce qu’il est, de ne surtout pas l’humilier, surtout pas le rabaisser, de ne surtout pas partir dans les systèmes récompense/ punition, puisque c’est quelque chose qui est extérieur à son corps. Il faut vraiment qu’il apprenne que son corps est là pour lui et non pas pour faire plaisir à un adulte. Ça, c’est vraiment important. Il ne faut pas aller faire pipi caca pour faire plaisir, pas à aller se laver pour faire plaisir. Il faut qu’il comprenne vraiment que c’est pour lui. 

Et quand il y a des régressions comme ça, c’est très important de l’accompagner déjà, et de comprendre pourquoi il y a cette régression. Est ce que c’est la naissance d’un petit frère ou d’une petite soeur ? Est ce que c’est un problème à l’école ? Est ce que c’est un deuil dans la famille ? Il peut y avoir des tas de raisons. C’est très important de trouver la source et de ne pas l’incriminer, de ne pas l’accabler, ne pas accabler l’enfant par rapport à cette régression là et vraiment l’accompagner au mieux, comme quand il était petit. Et finalement, attendre que ça revienne. Si ça dure sur du long terme, évidemment, il ne faut pas laisser ça comme ça. On peut aller voir un médecin parce que ça peut être des raisons physiologiques, ça peut être des raisons psychologiques, donc ne pas hésiter à aller voir un professionnel de la santé ou quelqu’un pour pouvoir se faire aider, se faire accompagner, si vraiment ça dure trop longtemps.

Ça peut être un signe que quelque chose ne va pas, oui, mais ça peut être aussi juste un moment où l’enfant n’a plus envie de faire cet effort là. C’est là où il faut être très vigilant et très à l’affût. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps non plus. Ça peut durer un petit moment, ça peut être signe d’un mal être qui est passager, mais ça peut être quelque chose de plus. Il faut donc vraiment rester attentif à ce qu’il se passe.

Les plus grosses erreurs à éviter quand on est dans “l’apprentissage de la propreté”, c’est surtout d’éviter tout ce qui est punition, d’éviter tout ce qui est humiliation, le forcer. Même les récompenses, ce n’est pas bon non plus parce que c’est quelque chose qui appartient à son corps. Il faut qu’il apprenne, justement, à respecter son corps et à assimiler les signes qui sont importants.

Les erreurs à éviter, ça va être de lui imposer quoi que ce soit de le stresser avec ça puisque c’est quelque chose de physiologique. Donc ça se fait tout seul. Et si on commence à stresser un enfant avec des choses qui sont physiologiques, ça va créer des problématiques pour plus tard, qui peuvent être beaucoup plus lourdes quand il va devenir adolescent ou même adulte. Donc, c’est vraiment respecter son corps. C’est vraiment la chose la plus importante par rapport à ça. 

Le problème de la récompense, sur l’apprentissage de la propreté,, c’est que ça développe des valeurs extrinsèques à l’enfant. Ça va développer quelque chose qui fait qu’il va faire les choses pour faire plaisir à l’autre. Il va faire les choses pour obtenir quelque chose de l’adulte et pas pour lui. 

Comme dans tout apprentissage naturel et biologique, s’il fait les choses pour faire plaisir à l’autre, ça veut dire qu’il va peut être essayer de se forcer (donc physiologiquement ça va décoder certaines choses). Ça peut créer en tout cas des soucis physiologiques réels par la suite sur des choses qui sont totalement naturelles.

Le système de récompense, ce qui est compliqué, c’est qu’on pense souvent que c’est du renforcement positif. Sauf que non, l’enfant va faire les choses pour nous faire plaisir et non pas pour lui. Et du coup, ça va le déconnecter de ce qui peut être réellement lui au fond de lui.

Le but, quand on élève des enfants, ce n’est pas justement qu’ils fassent les choses pour nous faire plaisir à long terme. C’est qu’ils fassent les choses pour eux. Qu’ils sachent qui ils sont. Qu’ils deviennent parfaitement eux-mêmes et non pas qui fassent les choses pour nous, pour nous épater ou pour nous faire plaisir.

C’est un petit détail, on va dire c’est une petite facette sur l’ensemble de l’éducation, mais c’est quelque chose qui fait que oui, les récompenses et les punitions, ça développe en fait des attentes par rapport à des regards extérieurs et c’est ça qui est compliqué.

Je dirais qu’à partir de 4/5 ans, on peut effectivement commencer à se poser des questions. Après, encore une fois, tout dépend du contexte familial. Tout dépend de plein de choses. S’il y a eu, par exemple, un deuil dans la famille, la perte d’un parent, une séparation… il y a des tas de facteurs qui peuvent faire qu’un enfant, d’un coup, va régresser à ce niveau là ou même ne va pas évoluer à ce niveau là. Donc, encore une fois, il ne faut jamais incriminer l’enfant. Ne jamais humilier l’enfant. Ne jamais accuser l’enfant, mais l’accompagner. Parce qu’en plus, l’enfant, quand il voit ses copains, ses copines, ses camarades être propres alors qu’il ne l’est pas, c’est déjà une source d’humiliation, sans même que l’adulte en rajoute.

Ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche, au contraire. Le but étant vraiment de l’accompagner et de l’aider à dépasser ce stade là.

Vivre et travailler avec l’endométriose

Mélanie est une jeune femme dynamique. Quand on la voit c’est impossible de savoir qu’elle souffre d’un mal chronique, qu’est l’endométriose. Et pourtant cette maladie invisible mais très fréquente lui ferme de nombreuses portes dans la vie professionnelle. Un podcast pour espérer faire bouger les lignes, proposé par Fess’nett.

Donc moi c’est Mélanie, j’ai 23 ans. L’endométriose c’est la maladie de l’endomètre, ça génère des déchets qui doivent partir normalement dans les règles, qui se diffusent dans le corps. Du coup ça génère des douleurs, de l’infertilité, de la fatigue, des problèmes hormonaux… 

Les douleurs sont apparues peut-être 1 an et demi avant que l’on puisse mettre un mot dessus, donc je suis vraiment chanceuse par rapport à la plupart de femmes qui mettent environ 7 ans avant de trouver, entre errances médicales, médecins qui disent qu’on a rien… Enfin bon, j’ai quelques eu arrêts aux urgences avec mon père qui m’emmenait parce que j’arrivais plus à gérer les douleurs et en général on me disait que c’était peut-être lié à mon transit, enfin on parlait beaucoup de stress, qu’il n’y avait pas de choses concrètes dans mon corps qui pouvaient expliquer les douleurs et que du coup, ça pouvait être lié à la psychologie.
Moi je me sentais vraiment incomprise. Seule face aux douleurs, même si mes parents et ma famille étaient complètement là pour moi, les médecins ne l’étaient pas du tout. Voilà, on me prenait vraiment pour une folle. Honnêtement. Heureusement ça n’a pas duré longtemps parce que je crois que je le serai devenue !

C’est mon médecin généraliste qui m’a dirigé vers un spécialiste de l’endométriose, parce qu’avec ce que je lui décrivais, avec le nombre d’arrêts que j’avais, pour elle c’était sûr, c’était clair et net que c’était l’endométriose, et effectivement j’ai fait IRM et échographies pelviennes et le verdict est tombé.

Alors je n’ai pas des atteintes qui sont énormes, j’ai un appareil génital qui est tout à fait correct et qui peut donner la vie si un jour j’en ai envie.
J’ai des atteintes assez superficielles, ils appellent ça comme ça avec aussi une atteinte profonde mais légère. C’était un soulagement parce qu’il y avait enfin une raison à mes douleurs mais aussi un grande grande peur parce que je savais très bien que ça c’était… Ben, déjà ça ne se guérit pas et c’est très difficile de le soulager. Bon je savais du coup, qu’on ne me prendrait plus pour une folle, qu’on entendrait mes douleurs, qu’on les comprendrait et qu’on essaierait de les soulager. Ça change beaucoup de choses au niveau du regard médical.

Chaque endométriose est propre à chaque femme, donc là, moi je vais expliquer mon cas mais ce n’est pas du tout la même chose sur chacune. Moi ça se déclare à n’importe quel moment du cycle, que ce soit pendant les règles, avant, après, ça se déclare vraiment n’importe quand, n’importe comment. Ça commence par des douleurs, je pense comme des contractions, des légères contractions, et puis si ça s’installe, ça devient extrêmement difficile à gérer : c’est l’utérus tout simplement qui se contracte.
J’ai des douleurs aussi lorsque je vais aux toilettes, c’est vraiment une gêne mais quotidienne. Il faut apprendre à vivre avec, moi je n’ai pas réussi encore mais, oui c’est une gêne qui est quotidienne. Il y a des fois où je ne peux plus marcher, donc professionnellement parlant c’est catastrophique, j’ai perdu 3 jobs à cause de ça.

Bon j’avais des propositions de CDI, j’avais un CDD, tout s’est arrêté à cause de ça parce qu’une employée qui est tout le temps absente parce qu’elle a mal au ventre… on prend une autre employée, ce que je comprends mais du coup c’est extrêmement difficile.

Les règles c’est tabou, l’utérus c’est tabou, donc c’est très délicat à en parler à un employeur surtout quand on est à ma place et qu’on a déjà perdu un travail à cause de ça. Donc en parler, oui c’est difficile, parce que c’est mal vu, parce que l’employeur va avoir directement en tête qu’il aura une employée avec des absences irrégulières, peut-être des moments où ça ne va pas trop aller au travail, où elle ne sera pas forcément opérationnelle… voilà.

Moi je suis triste parce que je sais que j’ai des capacités, j’ai un parcours assez polyvalent donc je sais faire plein de choses, et on ne me donne jamais ma chance.
C’est une des choses positives du COVID à mon avis, ça va enfin ouvrir l’esprit au télétravail, c’est juste ça moi qui me bloque parce que même si je suis – bon, dans des grosses grosses crises, je ne suis pas capable de travailler parce que même cognitivement parlant je ne peux pas suivre parce que je suis en train de lutter contre la douleur – mais oui, il y a plein de moments où il y a des crises qui me permettraient quand même de travailler par exemple avec des moyens que j’ai pu voir avec CAP EMPLOI, qui s’occupe du handicap dans le travail.

Il y a des moyens de travailler allongée par exemple, avec un ordinateur. Il y a plein de choses qui existent donc j’espère que ça va se mettre en place après cette pandémie.
Dans le monde, enfin en France pardon, il y a une femme sur dix minimum qui a de l’endométriose et qui est touchée ou qu’il y a des répercussions sur sa vie professionnelle, donc si on ferme la porte à toutes ces femmes, on va finir par avoir plus grande monde !

On perd des chances de travailler alors qu’on en est capable et qu’on a plein de capacités. On est comme tout le monde donc je ne vois pas pourquoi on aurait moins le droit de travailler que les autres.

Alors je pense que toutes les femmes qui sont atteintes d’endométriose vont se reconnaître là-dedans : la bouillotte ! La bouillotte : moi j’ai réussi à trouver un super produit sur Internet, c’est la poche d’argile. C’est une poche qu’on peut réchauffer au micro-ondes et c’est vraiment génial parce que ça garde la chaleur super longtemps, plus que les poches bleues qu’on peut mettre au micro-ondes et au congélateur. D’ailleurs celui-ci on peut le mettre au micro-ondes et au congélateur. C’est vraiment quelque chose qui me suit partout, je l’ai dans mon sac actuellement, je m’en sers au travail, enfin c’est un élément dont je ne peux pas me passer.
J’ai aussi trouvé une petite astuce grâce à la pharmacienne de mon quartier. C’est de la gaulthérie, l’huile essentielle de gaulthérie. On met 2-3 gouttes dans le creux de la main, on complète avec de l’huile d’amande douce et on masse tranquillement le ventre quand les douleurs sont modérées. Ça, ça aide beaucoup, ça fait comme une légère chaleur en bas du ventre mais il ne faut pas que ça brûle sinon c’est qu’il y en a trop et ça, ça aide beaucoup. Déjà, ça permet de se masser un peu, de se réchauffer la peau, j’ai l’impression que ça marche bien sur moi en tout cas.
J’ai testé aussi grâce aux médecins un électrostimulateur, ça s’appelle un TENS, poser des patchs sur le ventre avec un boîtier qui transmet des électrochocs, des mini-électrochocs, qu’on peut régler à l’intensité qu’on veut. Et ça c’est vrai que sur le premier que j’ai eu, ça m’a beaucoup aidé, parce que du coup, il n’y a pas besoin de réchauffer au micro-ondes, ça peut se porter sous un vêtement sans que ça se voit. Enfin bon, même si le boîtier est un peu dur à cacher, ça reste quand même discret, plus qu’une bouillotte.

Dans les périodes chaudes comme ça, ça permet de ne pas avoir quelque chose de chaud. Voilà, ça passe un peu plus partout je trouve. Mais il faut avoir l’ordonnance et une fois qu’on a dépassé les six mois de location, il faut l’acheter et là par contre, c’est cher.

Alors tout ça, ça peut aider à gérer des douleurs modérées, mais c’est vrai que quand une crise s’installe, ça m’aide juste à réduire les douleurs, enfin ça ne les enlève pas.
Honnêtement, oui c’est plus pour que moi je me sente mieux.

Ces deux dernières semaines, je suis allée deux fois aux urgences. Bon là par contre c’est extrêmement rare, ça ne m’était jamais arrivé. Des grosses crises où je suis obligée d’aller à l’hôpital, pour recevoir de la morphine, on va dire que ça arrive peut-être 7, 8 fois par an. Mais des crises où je reste à la maison, où je ne peux pas aller travailler, c’est beaucoup plus régulier, malheureusement.  

Pour celles qui sont concernées par l’endométriose, essayez de tenter l’ostéopathie, ça m’a beaucoup aidé, l’homéopathie, toutes les choses un peu naturelles… Il faut essayer de s’écarter au plus des antidouleurs et des médicaments, même si on sait bien qu’on ne peut pas faire autrement, voilà, essayez de tenter, franchement, moi ça m’a beaucoup aidé, j’espère que ce sera de même pour vous.
Et pour les femmes qui recherchent la raison des douleurs, ne vous arrêtez pas aux mots-dits des médecins, comme quoi c’est dans votre tête, que les douleurs n’existent pas ou alors que vous n’avez rien. Continuez à chercher, essayer de changer de spécialiste, y en a énormément, y en a forcément un qui trouvera ce que vous avez, ce n’est pas normal d’avoir mal, c’est pas normal d’être arrêtée lors de vos règles ou même en dehors.

Il faut vraiment continuer à chercher des solutions, à pas baisser les bras, même si je sais que c’est très compliqué, voilà, continuez à chercher !

Moi je suis le compte d’ENDOFRANCE, qui est la grosse association de l’endométriose en France, qui nous a tenu au courant qu’il y avait une fondation de recherche qui a été lancée là, il me semble, il y a quelques semaines, ou quelques mois maximum pour l’endométriose. Donc c’est une première en France, on est toutes ravies, on espère que ça va donner des choses positives, enfin des solutions, parce qu’on en a besoin !

J’ai traversé une dépression post-partum

Perrine est une jeune maman. Le bébé, les sourires, le grand bonheur… Elle avait tendance à beaucoup idéaliser ce moment. Mais ça, c’était avant. Quand elle a souffert de dépression post-partum, elle a eu beaucoup de mal à comprendre ce qu’il lui arrivait et à en parler. C’est ce qui la pousse aujourd’hui à partager son expérience. Et ce, pas pour inquiéter, mais pour dire que ça existe. Un podcast salutaire proposé par Fess’nett.

Je m’appelle Perrine, j’ai 32 ans, je suis enseignante et maman d’un petit garçon qui a deux ans maintenant et qui s’appelle Léo. 

Le post-partum, c’est la période qui vient après l’accouchement. C’est vraiment tout ce qu’il se passe après, d’un point de vue psychologique et physique. Le post-partum peut-être très facile pour certaines mamans mais pour d’autres comme moi, cela peut être très dur à vivre.

Mon accouchement s’est relativement bien passé par rapport à l’acte d’accoucher mais l’environnement, ce qu’il s’est passé juste avant, ça a été très compliqué. J’ai eu mes premières contractions le vendredi après-midi et j’ai accouché le samedi matin. Il y a une contraction que je n’ai absolument pas supporté, elle a duré une demi-heure et j’avais envie de me taper la tête contre le mur. À ce moment-là, je me suis dit « on va passer à la péridurale ». On m’a posé la péridurale, cela s’est mal passé, on a dû me la poser une deuxième fois, après ça a été. Puis, est venu le moment où l’on a dû me percer la poche des eaux et une demi-heure après, on m’a dit de pousser. Sauf que j’avais des contractions qui étaient au niveau de l’estomac et qui m’empêchaient de m’allonger. On a dû faire revenir l’anesthésiste pour qu’il me réinsère un autre produit, et j’ai fait une mauvaise réaction : une chute de tension de 14 à 6. Je n’avais plus possession de mon corps, j’étais là, je voyais mais j’étais incapable de réagir, de bouger. Je voyais que ça s’affolait autour de moi. Ce qui était compliqué à gérer, c’est de savoir que mon fils était en train de trinquer au niveau de son rythme cardiaque. Ce n’est pas l’idéal pour avoir à faire à un accouchement serein. Est venu le temps du post-partum, je pense que cela a beaucoup joué.

Mon fils était un enfant qui demandait énormément les bras car je pense que l’accouchement l’a traumatisé et qu’il avait besoin d’être rassuré, ce qui est totalement compréhensible. Par contre, moi j’étais fatiguée, extrêmement fatiguée. J’avais du mal à gérer tout ça, à gérer toute seule car le congé paternité ne dure que 11 jours, et ce n’est pas beaucoup. Maintenant il est passé à 28 jours, c’est chouette mais ce n’est toujours pas assez je pense. Pendant presque 3 mois, j’étais, ce que j’ai appris plus tard, en dépression post-partum. On dit que les mille premiers jours sont les plus importants mais pendant 3 mois, ça a été très compliqué pour moi, je ne l’acceptais pas. Il y a des jours où je le posais dans son lit car je n’en pouvais plus de ses pleurs et je partais, j’allais me mettre en boule dans une pièce à côté et j’envoyais des messages à son père en lui disant « j’en peux plus, il faut que tu viennes, il faut que tu rentres ». Cela m’est arrivé bien 3/4 fois par semaine pendant bien un mois et demi, deux mois. J’allaitais mon fils, et je pense que ça a sauvé notre relation. Je ne dis pas que si je ne l’avais pas allaité, je n’aurais pas eu de lien avec lui, mais je pense que ça a facilité le lien que j’ai eu avec lui et ça m’a obligé à accepter mon rôle de maman. Pendant dix minutes, un quart d’heure, je le regardais et je me disais « oui, c’est mon fils, il fait partie de moi. Je l’ai choisi, je l’ai voulu et il faut accepter ce rôle de maman ». Il y a des soirs où je regrettais ma vie d’avant mais en même temps j’étais contente d’avoir mon fils. Car depuis toute petite je voulais être maman et j’étais contente d’avoir un enfant avant mes 30 ans mais le fait d’être dans mon rôle de maman était très compliqué. Il m’est arrivé des nuits où il ne dormait pas, il pleurait à devoir sortir à 4 heures du matin pour faire des tours de pâté de maison avec la poussette pour faire en sorte qu’il dorme. Mais il ne dormait pas, il hurlait dehors et je n’étais pas bien car je me disais « je ne comprend pas ce qu’il a, je suis une mauvais mère, je n’arrive pas à le calmer. Il est dans mes bras, il pleure. Il est dans la poussette, il pleure. Il est au sein, il pleure. ». On ne savait pas comment gérer tout ça. À 4 heures du matin, on se dit que l’on va réveiller tout le quartier, on culpabilise et on rentre à la maison. Mais à la maison on ne supporte pas le bruit alors on ne sait pas quoi faire. Il y a des soirs où j’avais envie de me jeter par la fenêtre, je n’en pouvais plus. 

J’ai contacté, par hasard, la PMI de ma ville : c’est un réseau de puéricultrices qui sont à disposition des parents, gratuitement, que l’on peut appeler et qui peuvent nous aider dans ces moments là. Je les ait appelées par hasard car je me posais des questions sur l’allaitement et je ne savais pas vers qui me tourner. Au fur et à mesure de la conversation, on en est arrivé au fait que je ne vivais pas bien mon post-partum, que je n’en pouvais plus et que j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider. Une puéricultrice est venue à la maison pour en discuter, pour voir ce qu’il se passait. C’est à partir de là que j’ai commencé à me sentir mieux, elle venait une fois par semaine et je revivais. Je n’avais pas encore mis de mots sur ce que je vivais. Pour moi, c’était dû à la fatigue car l’accouchement avait été sportif, que je n’avais pas dormi du vendredi matin jusqu’au samedi soir après l’accouchement. J’avais de la fatigue qui s’était installée et moi qui suis une grosse dormeuse, c’était un peu compliqué. Je mettais ça sur le dos de la fatigue, sur le fait que je n’arrivais pas à gérer tout ça. Je ne connaissais pas du tout le post-partum, je ne savais même pas que ce mot existait et je n’avais pas conscience que j’étais en pleine dépression. Jusque’à juillet, j’étais dans cet état de spirale infernale. Comme je ne dormais pas, j’étais en plus fatiguée. Et comme j’étais fatiguée, j’étais facilement énervée et je n’arrivais pas à gérer mon fils. Comme les enfants sont des éponges, il le sentait et on tournait en rond, c’était très compliqué. Et à côté de de ça, je ne voulais pas en plus donner mon fils. Je ne me voyais pas le donner à quelqu’un, le temps d’aller dormir. Je me disais « si il se passe quelque chose, comment va t-on faire ? Je n’ai pas envie qu’il meure ». Car il y avais l’angoisse de la mort subite du nourrisson : c’était de l’hyper-vigilance non-stop, et c’est ce qui m’a détruite au fur et à mesure. Ça a été très compliqué à gérer. 

Arrivé au moi de juillet, mon conjoint était en vacances. On est partis dans sa famille et c’est là où j’ai commencé à revivre un peu. J’ai pu confier mon fils à des personnes de confiance, je n’étais pas obligée de l’avoir non-stop collé à moi. Il pouvait dormir sur d’autres personnes que moi, ce qui était assez agréable car pendant les 3 mois il ne faisait que dormir sur moi ou son père. Ce qui m’a manqué c’était de dormir et pouvoir faire confiance à une autre personne. Je le regrette, de ne pas avoir fait confiance à d’autres personnes, car quand j’avais des rendez-vous médicaux et que je ne pouvais pas l’amener, je le confiait à une personne. Mais je me voyais mal de demander à une personne de le garder pour que je puisse aller dormir. Ça montrait clairement la faiblesse de la maman et ce n’est pas ce que l’on est censé montrer : on est censé montrer que l’on est des personnes fortes mais c’est un problème de vision de la société, je pense, alors que pas du tout. On a pu subir un accouchement compliqué, fatiguant, sportif et on passe par mille émotions d’un coup. Le premier, ce n’est pas évident car les copines essaient de nous préserver. Lorsque j’ai voulu en parler plus en détails aux copines, on se préserve énormément et je trouve cela dommage. Elles m’ont dît que cela est culpabilisant et dans tout ce que l’on voit, on ne montre pas ce côté dur après l’accouchement. Cela m’aurait aidé dans le sens où je n’aurais pas autant culpabilisé et j’aurais peut-être cherché à trouver des solutions, à essayer d’en parler à ma sage-femme. Parce que lorsque je voyais ma sage-femme pour la rééducation du périnée, elle me demandait comment ça allait et je disais « ça va ». J’avais peur de sa tête et que l’on m’envoie les services sociaux. J’aurais aimé savoir qu’il y a d’autres mamans qui ont vécu un post-partum et qu’elles ont trouvé des solutions, qu’il y a telle ou telle solution possible et que c’est tout à fait normal

Certaines nuits, quand il était 2/3 heures du matin, je postais des stories en mode « s’il-vous-plaît, aidez moi, mon fils pleure et je ne sais pas quoi faire, j’ai besoin d’aide ». Finalement, il y a des copines, des connaissances et des personnes avec qui je n’avais plus de contact qui m’ont écrit et m’ont fait déculpabiliser sur cette situation et m’on dit que ça se passait aussi comme ça, que ça allait passer et que c’était normal. Ça me faisait du bien car je me sentais moins seule. Il était toujours présent mais quand je lisais leurs messages, je destressais un peu. Mais ça n’empêchait pas que 2/3 heures après j’avais oublié les messages, je n’arrivais pas à gérer les pleures du petit et je repartais dans ma folie de « j’en peux plus, j’en ai marre et je n’arrive pas à gérer tout ça ». Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé dans le sens où j’ai commencé à chercher pourquoi je n’arrivais pas à gérer cette phase là. J’ai commencé à lire des témoignages et je me retrouvais dedans. Je retrouvais des mamans qui étaient aussi en pleures non-stop. De lire que des mamans ont vécu ça, ça rassure énormément. Sauf que cela, j’ai commencé à le faire en vacances, au bout du troisième mois de mon fils. Encore aujourd’hui je continue toujours à lire ces témoignages qui me font déculpabiliser même si j’ai toujours cette sensation de « c’est normal » mais ça reste dur d’accepter que j’ai traversé cette période. Je n’ai pas cherché de soutien psychologique. Cela ne m’a même pas traversé l’esprit de me dire qu’il fallait aller voir quelqu’un. Pourtant je ne suis pas du tout fermée à aller voir un psychologue ou un psychiatre car j’en ai déjà vu pour d’autres raisons. Je n’ai même pas fait le lien avec le fait d’aller voir quelqu’un. Pour moi si c’était le cas, c’était quelqu’un en rapport avec l’enfant : soit un pédiatre ou une sage-femme. C’était les deux seules personnes qui me paraissaient les plus à même de m‘aider. Mais quand j’allais les voir, ce n’était pas pour autant que je leur en parlait. Je leur parlait du fait que pendant l’allaitement j’avais des crevasses, que j’étais un peu fatiguée mais que j’essayais de dormir quand il dort mais que vu que je faisais de l’hype-vigilance, je ne dormais pas forcément. Je ne rentrait pas dans les détails et ils ne cherchaient pas à savoir non plus. Ils ne cherchaient pas à me poser des questions, à savoir si ça se passait bien. J’étais livrée à moi même. Et même quand la puéricultrice de la PMI venait, je le cachais. C’était terrible, je me revois aujourd’hui à le faire : deux secondes avant qu’elle arrive j’étais en pleures et puis à l’arrivée tout allait bien. Il y avait cette part de honte, de montrer que ça ne va pas.

Pendant les cours de préparation à l’accouchement, je pense qu’il faudrait en parler. Expliquer aux mamans que ça peut arriver, qu’il n’y a pas de honte à traverser cette période et que ce n’est pas parce que vous êtes dans cette période que vous êtes une mauvaise mère. C’est important d’être préparée avant mais aussi pendant. Je pense que les sage-femmes, les médecins que l’on voit pendant les premiers jours et le suivi de la rééducation du périnée, devraient faire un questionnaire. Il existe un questionnaire pour savoir si l’on est en dépression post-partum. Maintenant quand je le fais, oui clairement c’était bien ça ! Si on m’avait fait faire ce questionnaire, on se serait rendu compte que j’étais en dépression post-partum. C’est quelque chose que j’ai découvert il y a un an mais j’en étais sortie. C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas de discussion, au moins un rendez-vous pour la maman chez un psychologue, que cela soit remboursé par la sécurité sociale ou la mutuelle à 100%. Au moins un rendez-vous pour le bien-être de la maman, pour savoir comment elle va et si elle arrive à gérer tout ça. Si j’avais su ce qu’il fallait faire avant, j’aurai pu l’arrêter beaucoup plus tôt. Le post-partum est quelque chose de tabou mais ça ne devrait pas. Quand je vois les témoignages de mamans sur internet, je me dis que plus on va en parler et plus ce sera connu de toutes. Maintenant, quand j’ai des amies qui m’annoncent qu’elles sont enceintes et que c’est leur premier enfant, je leur raconte en détails mon post-partum. Je ne les oblige pas, je leur demande avant si elles veulent savoir, et de toute façon elles sont quasiment toutes au courant de ce que j’ai traversé. Il y a deux-trois personnes qui m’ont envoyé des messages pour me dire « merci de m’en avoir parlé parce que si je ne l’avais pas su, je serai encore en train de sombrer à l’heure actuelle. » et ça fait plaisir !