L’apprentissage de la propreté, une maman témoigne

Être un jeune parent, c’est se poser des questions tout le temps. C’est le cas lors de l’apprentissage de la propreté. Ça veut dire quoi apprendre à être propre ? C’est quoi l’hygiène intime ? En quoi l’hygiène passe-t-elle par l’apprentissage de l’intimité ? Autant de questions auxquelles Gabrielle nous apporte ses réflexions. Cette maman de deux enfants a quelques convictions bien ancrées, qui la guident dans l’éducation de sa fille et de son fils.

L’apprentissage de la propreté, une maman témoigne

Gabrielle a un grand sourire quand elle parle de ses deux enfants parce que, pour elle, les voir progresser vers l’autonomie c’est passionnant. Si son petit garçon en est encore à apprendre à marcher, sa fille a fait de grands pas vers la propreté. Une aventure qui s’est déroulée sur toute une année, et plus encore. Un podcast amusé et qui donne à penser, proposé par Fess’nett.

Je suis Gabrielle, j’ai 33 ans et je suis la maman de deux enfants : une petite Manon qui va bientôt avoir 3 ans et César qui vient de fêter ses 1 an. Pour moi, on va dire qu’il y a deux choses : l’apprentissage de la propreté tel qu’on l’entend (faire ses besoins quand l’enfant le souhaite, sur le pot ou dans les toilettes) ; mais la propreté, pour moi, c’est bien plus large. 

Pouvoir se laver seul, comprendre la nécessité d’être propre. Puis, il y a un apprentissage parallèle et qu’on a généralement tendance à, non pas délaisser, mais je trouve que peut-être les professionnels n’en parlent pas suffisamment : c’est l’apprentissage de l’intimité de la propreté. 

Pour donner un exemple concret : Manon est propre depuis maintenant un peu plus de deux mois / deux mois et demi. Elle est sur le pot, sans problème. Durant les différents confinements, on était chez mes beaux-parents dans un grand jardin. Un jour, on était en train de jouer à l’extérieur, et Manon a commencé à me dire « maman j’ai envie d’aller faire pipi, c’est loin et j’ai envie de faire tout de suite. ». Nous étions au tout début, je lui ai donc dit « ce n’est pas grave, tu peux faire dehors ». Elle était super contente, je l’ai félicité parce que derrière elle a pu remettre sa culotte, elle a pu se rhabiller et s’essuyer. 

Un jour, de retour à la crèche, sur la terrasse, elle a eu une envie pressante de faire ses besoins. Les toilettes étaient à l’intérieur, elle a donc commencé à enlever sa culotte. Néanmoins, on ne peut pas se mettre toute nue dehors, c’était aussi un apprentissage pour elle. Cette intimité c’est aussi comprendre que son corps lui appartient. 

Manon portait des couches, on devait la changer. En parallèle, Manon a très vite voulu se laver toute seule. Moi je trouvais ça super donc je la motivais, ou en tout cas je l’accompagnais dans ce sens.Petit à petit je lui disais « tu vois, là tu le fais toute seule. Maintenant, aucun adulte n’a le droit de faire ça en public. » . Je pense que j’avais un bon relais à la crèche car elle l’avait bien intégré. Je lui ai fait comprendre que là, je te change la couche, je vais te nettoyer les fesses : dans ce cadre-là un adulte peut le faire, dans un autre cadre un adulte n’a pas le droit de te le faire. Alors le but n’est pas du tout de lui faire peur ou de rendre le monde extérieur menaçant, ce n’était pas du tout ça, mais bien de pouvoir la sensibiliser déjà, pour lui faire comprendre qu’elle était maitresse de son corps et que c’était le plus important. Finalement, cette intimité de l’hygiène, cette intimité de la propreté passe aussi par là. 

 Manon, par moments, quand elle n’a pas du tout envie d’aller prendre son bain ou autre, elle le fait comprendre. Par moments, ça peut être un peu frustrant parce qu’elle me dit « non, ne me touche pas, non, non », et elle a le droit. Quand je dis « allez, là il nous reste cinq minutes, prends ta douche ça va refroidir, le diner est prêt », je lui ai appris cela et elle l’a compris, même si de temps en temps elle est un peu dans une espèce d’opposition et dit non à tout car c’est l’âge. Ce qu’il faut, c’est respecter aussi son non par moment, ou en tout cas quand c’est son corps, là-dessus, je le respecte. 

Aussi, dans sa phase où elle n’aime pas les bisous, elle n’aime pas les caresses, elle n’aime pas les câlins, je le respecte. Même si je suis très frustrée parce que j’aimerais la câliner très fort contre moi, elle n’a pas envie, et elle a le droit de ne pas avoir envie. C’est pour cela que j’aborde les deux, parce que je pense que pour l’enfant, apprendre à aller aux toilettes et être propre, c’est l’apprentissage de savoir quand on a envie de dire oui et de savoir quand on a envie de dire non. On est véritablement à la fois dans la rétention, et puis également dans le lâcher-prise avec ces problématiques-là (outre les problématiques physiologiques ou un enfant n’est prêt qu’à partir d’un certain âge). 

C’est pour cela que la propreté est aussi, je pense, pour certains parents, assez complexe. Parce que finalement, au-delà des capacités physiologiques de l’enfant, il y a aussi une capacité, un développement à faire sur la rétention car un enfant, quand il a envie de faire suer ses parents, il sait le faire. C’est aussi le fait de lâcher-prise et d’accepter cela.

Quand mes enfants ont commencé à marcher, notamment mon ainée, cela devenait compliqué de prendre ma douche toute seule, parce-que qu’elle était encore toute petite et que je ne pouvais pas la laisser. Je prenais mes douches en 15 secondes chronos et je prenais Manon avec moi dans la salle de bain. Elle a tout de suite été, je pense, assez curieuse du fait d’apprendre à se laver toute seule. En me voyant faire, elle a voulu faire d’elle-même. Assez rapidement, a 18 mois, Manon voulait se laver toute seule. Elle prenait le gant de toilette, elle le mettait, elle jouait, elle avait cet aspect-là. 

Pareil pour aller aux toilettes. Je pense que c’est arrivé assez naturellement et assez rapidement. Elle a démontré déjà, cette volonté de pouvoir faire les choses toute seule, en autonomie. Quand elle a commencé à vouloir faire toute seule, c’est là que j’ai commencé à lui en parler. J’ai commencé à lui dire de se laver les mains régulièrement, les dents, etc. Aujourd’hui, elle se lave les dents le soir (pas tout le temps le matin), ça fait partie du rituel. De toute la propreté, tout s’est fait vraiment naturellement, je ne me suis pas dit « là, ce serait bien qu’elle apprenne à se laver toute seule » . 

Je lisais dans certains bouquins que « à trois ans, un enfant est censé se laver tout seul ». Je ne rentre pas du tout dans ces échéances clé à un âge précis, parce qu’il y a certains enfants qui savent très bien se laver tout seuls mais qui n’en n’ont simplement pas envie. Je pense qu’encore une fois, on revient sur le fait de dire non et d’avoir envie ou pas. Ils apprécient aussi être pris en main, que leurs parents soient là parce que derrière, quand on les change, c’est aussi pour eux une forme de soins de la part de leurs parents. Certains enfants en ont besoin, je pense, et puis d’autres vont vouloir être beaucoup plus autonomes sur cette partie-là. 

L’été dernier, Manon était propre pendant deux / trois semaines. Je trouvais ça un peu tôt même, parce qu’elle avait tout juste 2 ans. Je m’étais dit « pourquoi pas », on était l’été, en robe et maillot de bains, donc forcément c’était beaucoup plus simple aussi. Nous étions beaucoup à l’extérieur. Dès qu’elle est retournée à la crèche, c’est devenu plus compliqué. Les retours en arrière, il peut y en avoir, et j’ai laissé faire. Elle ne voulait pas mettre la couche le matin avant d’aller à la crèche. 

Je me voyais dans une situation un peu délicate parce que je savais qu’elle n’était pas propre (ou en tout cas qu’elle était pas encore prête) et qu’elle avait encore des difficultés. Mais, elle avait la volonté. Ce n’est pas évident de devoir lui dire « Manon, on la met parce xque, tu sais, tu n’y arrives pas ».J’arrivais donc à la crèche et je leur disais « écoutez, je suis désolée, elle ne voulait pas mettre de couche ce matin et je ne me voyais pas lui dire « non, je t’en impose une alors que le week-end ou les semaines auparavant je l’invitais à ne pas la mettre. » ». Je trouvais que c’était un discours complètement contradictoire que je pouvais avoir vis-à-vis d’elle. Je n’allais pas la gronder, elle voyait donc qu’il n’y avait pas d’incidence. C’est elle-même, qui souvent me disait « mais, ce n’est pas grave maman ! ». Je lui répondais « mais non, tu as raison, ce n’est pas grave, ça arrive, tu apprends donc ce n’est pas grave. ». 

Je voyais qu’à la crèche, c’était un peu plus compliqué. C’est normal,   si tout le monde arrive en disant « mon enfant ne veut pas mettre de couche ce matin. » on se retrouve dans une situation un peu délicate. Assez rapidement, les couches sont revenues. Il y avait des avancées et des retours en arrière, qui ont duré, puisque finalement, en septembre, on a dû remettre les couches. 

Manon était propre en avril 2021, ça a donc duré quand même un petit moment, mais toujours sans aucune pression, à aucun moment. Nous savions, le papa (mon mari) et moi que ça allait arriver, et qu’en mettant cette deadline, en mettant ce côté « avant l’école », ça allait plus la bloquer qu’autre chose. C’est arrivé du jour au lendemain avec un accident tous les deux / trois jours, puis un accident par semaine et puis plus d’accident du tout.

Pour les jeux, on a celui du pot par exemple. Mes parents ont plein de pots, ils ont gardé tous les pots de quand on était jeunes, en forme de voitures et autres formes. On jouait vraiment avec cela. « Tu es sûre que ton ours n’a pas envie d’aller aux toilettes là ? Ah bon, tu crois ? On va peut-être lui mettre une couche, non ? Ah oui, tiens, on va lui mettre une couche. » Elle essaie de mettre une couche à son ours. L’ours, c’est quelque part un peu son bébé, elle arrive à très bien s’en emparer. « Tu es sûre qu’il n’a pas envie d’aller aux toilettes ? Si ? Alors on va le mettre sur le pot. Il faut l’essuyer.. » Et on voit que l’acquisition peut se faire aussi comme ça. 

Pour se laver, on fait une super chorégraphie, on danse en même temps et on fait comme si la brosse à cheveux était un micro, puis on se lave. C’est prendre les choses de manière vraiment ludique, sans avoir un devoir derrière. Un peu de légèreté. 

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